Projection

Harald Naegeli – Le Sprayer de Zurich

Réalisé par Nathalie David

Jeudi 19 janvier 2023 - 20h

Depuis 1977, un homme, né dans une famille de la grande bourgeoisie zurichoise, dessine la nuit sur les murs de béton austères de sa ville. Cette action lui vaut des dépôts de plainte réguliers. Il s’insurge contre le côté soigné, petit-bourgeois et huppé de Zurich, contre la pollution environnementale, les usines chimiques, les bateaux de croisière, l’élevage intensif d’animaux. En 1979 il est pris en flagrant délit. Cet homme s’appelle Harald Oskar Naegeli. Il a 39 ans. En 1982 il s’enfuit à Düsseldorf où il trouve asile. Dans cette ville, des artistes et des hommes politiques comme Joseph Beuys et Willy Brandt lui apportent leur soutien. En 1984 il se livre de son plein gré à la justice suisse. Un procès, quatre mois dans une prison de haute sécurité à Winterthur, deux mois en semi-liberté et des amendes en sont le résultat. Dès lors, il vit et travaille à Zurich et Düsseldorf ; toutefois, en 2019, il déplace à nouveau son centre d’intérêt vers Zurich, non sans s’être retrouvé juste avant, une fois de plus, sur le banc des accusés au tribunal de Düsseldorf. Sur les murs de cette ville, il laissera derrière lui des flamants et des traits d’utopie. Son rêve, depuis des décennies, est sur le point de se réaliser : la « Danse macabre » dessinée à la bombe dans les deux tours du Grossmünster de Zurich. Cependant, l’administration communale interfère et se dispute avec lui pour quelques centimètres. L’œuvre reste inachevée. La grande Faucheuse Corona commence à se répandre dans le monde entier. Naegeli, alors âgé de 82 ans, descend une nouvelle fois dans la rue ; il lutte lui-même contre le cancer. La Danse macabre est également la sienne et celle de la politique. Le Prix artistique de la ville de Zurich 2020 lui est décerné pour l’œuvre de sa vie, tandis que le canton le poursuit en justice. L’artiste, pionnier de l’art du graffiti en Europe, polarise encore aujourd’hui. Ses œuvres sont abstraites, utopiques et empreintes de liberté. Tout comme l’artiste lui-même. Il fera ses adieux à ce monde quand il sera prêt. Ne pas s’effacer, mais comme ses créations, en terminer activement. Le film retrace le parcours d’un homme plein d’ironie aux multiples facettes, dont l’œuvre créatrice va bien au-delà du Street Art. Son approche artistique, ainsi que ses positions politico-philosophiques sont avant-gardistes et stimulantes. Le film est le testament de Naegeli et un hommage à l’utopiste.

Film documentaire de Nathalie David, Suisse/Allemagne, 2021, 97 min.

Projection en présence de la réalisatrice.

Le film a été nominé pour le Deutscher Dokumentarfilmpreis 2022.

 

Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles. Port du masque recommandé.

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Article posted on:  27 December 2022